Sud-Mali – zone cotonnière

Date de mise à jour : 7 novembre 2017

Diffuser de nouvelles approches pour réduire l’utilisation d’insecticides en culture cotonnière au Mali.

Pour protéger leurs cultures de cotonniers les producteurs maliens ont principalement recours à l’utilisation d’insecticides chimiques qu’ils épandent le plus souvent 5 à 6 fois à intervalles réguliers (14 jours) à partir du 45ième jour après la levée (JAL). Mais certains producteurs suivent d’autres approches, la lutte étagée ciblée (depuis 1994) ou un programme d’interventions sur seuil (depuis 2001), qui leur permettent de réaliser des économies d’insecticides en moyenne de 36% et de 72% respectivement pour ces deux approches (Renou et al., 2012). Réduire l’utilisation d’insecticides en culture cotonnière au Mali reposera donc sur la diffusion de ces nouvelles approches et plus particulièrement sur celle du programme d’interventions sur seuil. Actuellement cette diffusion est lente car elle nécessite la formation préalable et l’adhésion des producteurs. La simplification et l’amélioration des règles associées aux interventions sur seuil, sans perte d’efficacité et de rentabilité, pour une meilleure compréhension de la part des producteurs et une accélération des programmes de formation, semblent donc nécessaires.

Projet : PASE II

Axe 2 : intensification durable des systèmes d’exploitation

Activité 5 : stratégies de protection intégrée de la culture cotonnière

Des itinéraires de protection du cotonnier n’ayant plus recours à des insecticides chimiques ont déjà été élaborés par la recherche au Mali (Renou et al., 2009 ; 2010 et 2011). Ces itinéraires de protection, qui améliorent également la production et les revenus de la culture, reposent sur une forte densité de plantation (le double de celle actuellement recommandée) et l’écimage des cotonniers dont les effets réducteurs sur populations de chenilles de la capsule ont été montrés (Renou et al., 2011). Par prudence toutefois, en particulier pour la période précédant l’écimage des cotonniers, ces itinéraires de protection ont toujours été associés à la possibilité de réaliser des interventions sur seuil contre ces ravageurs importants au Mali (Cabanilla et al., 2005) même si on n’y a eu jamais recours. Conscient des réticences actuelles des producteurs à mettre en œuvre de fortes densités de plantation, les améliorations possibles de pratiques de protection du cotonnier au Mali devront probablement reposer sur la réalisation d’écimages de cotonniers et sur des interventions sur seuil contre les chenilles de la capsule. Mais l’écimage de tous les cotonniers d’une parcelle est une opération prenante en temps et les producteurs risquent de ne pas adopter cette pratique qu’ils ont pourtant parfois mis en œuvre dans le passé. Fort heureusement depuis 2009, de nouvelles propriétés de l’écimage de cotonniers ont été découvertes (Téréta, communication personnelle) qui permettent d’envisager l’appropriation de cette pratique par les producteurs. Il fut en effet montré que les propriétés de cotonniers écimés s’étendaient à des plants voisins non écimés en mettant probablement en jeu des émissions particulières de composés volatils (Marchand, 2012).

 Expérimentations sur la station de Farako 

L’objectif général des études conduites sur la station de Farako en 2014 était de préciser, pour les interventions sur seuil et pour l’écimage de cotonniers les conditions de leur mise en œuvre pour obtenir les meilleurs effets en termes d’efficacité vis-à-vis des chenilles de la capsule, de réduction de l’utilisation d’insecticides chimiques et de rentabilité pour la culture cotonnière. Les objectifs spécifiques correspondant à chacune des études conduites furent de :

  • déterminer le nombre minimal de plants à écimer au sein d’une parcelle sans perte d’efficacité vis-à-vis des chenilles de la capsule
  • préciser comment mettre en oeuvre dans la pratique une réduction la réduction de 80 % du nombre de plants à écimer
  • évaluer une éventuelle influence du cultivar sur les propriétés de l’écimage au niveau des plants soumis à cette pratique et au niveau de leurs voisins
  • préciser à quelle période a lieu la transmission des propriétés d’un cotonnier écimé à ses voisins non écimés
  • évaluer l’intérêt d’interventions sur seuil synchrones au lieu d’asynchrones comme cela est pratiqué par les producteurs

Principaux résultats :

A propos de l’écimage de cotonniers on a : (i) confirmé la possibilité de réduire de 80 % le nombre de plants à écimer au sein d’une parcelle en procédant (ii) plutôt de manière régulière sur toutes les lignes qu’une ligne toutes les cinq lignes avec en perspective (iii) une économie de 4 traitements insecticides calendaires, (iv) mis en évidence une influence variétale dans la transmission des propriétés de l’écimage à des plants voisins qui (v) ne compromet toutefois pas l’avenir de l’écimage, (vi) montré que la transmission de ces propriétés à des cotonniers voisins était effective au cours des deux premiers jours qui suivent un écimage, même si elle semble (vii) incomplète et (viii) confirmé la réduction des populations de chenilles phyllophages à la suite d’écimages et en particulier celles d’Haritalodes derogata qui n’est pas une noctuelle bien qu’ayant des moeurs nocturnes. A propos des interventions sur seuil contre les chenilles de la capsule (i) on n’a pas mis en évidence de différence significative entre des interventions synchrones et des interventions asynchrones et (ii) des premières règles plus simples reposant sur un taux de plants infestés par ces ravageurs et sur un taux de plants hébergeant des dégâts de ces ravageurs ont été élaborées.

Essais en milieu réel : villages de Benguéné, Ziguéna et Nafégué

Il est souhaitable de faire évoluer les pratiques de beaucoup de producteurs de coton vers ces nouvelles approches plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine mais également plus durables. Le principal objectif de ces études en milieu réel n’est pas uniquement de vérifier l’intérêt de ces nouvelles approches de protection mais de les évaluer de manière contradictoire avec des producteurs pour qu’ils puissent les adopter partiellement ou totalement avec ou sans aménagements particuliers. Le deuxième objectif de ces études est d’apporter aux producteurs les connaissances qui peuvent leur manquer pour faire évoluer leurs pratiques actuelles de protection.

Principaux résultats :
Pratiquement aucun effet significatif de l’aménagement des parcelles et des niveaux de fertilisation n’est apparu sur les populations de chenilles de la capsule, de jassides et d’aleurodes. Comparées aux traitements calendaires, les interventions sur seuil contre les chenilles de la capsule ont montré les mêmes faiblesses biologiques qu’en station de recherche mais beaucoup moins fréquemment. Le non-respect de la règle de décision en est probablement responsable mais il a diminué la rentabilité de ce programme de protection, l’un de ses principaux avantages en station de recherche et en milieu producteur. L’accueil favorable des producteurs autorise la poursuite de son étude mais avec des améliorations (nature des observations et règle de décision). L’écimage des cotonniers a confirmé ses effets réducteurs sur les populations de chenilles de la capsule mais d’une ampleur un peu plus faible qu’en station de recherche en raison d’une protection insecticide. L’extension de ces effets à des cotonniers voisins non écimés a été observée comme en station de recherche. Ces résultats, avec des variétés différentes, et l’accueil favorable des producteurs conduisent à poursuivre l’étude de cette pratique en bénéficiant des avancées en station de recherche pour sa mise en oeuvre. Enfin, les pratiques de traitements des producteurs sont dans l’ensemble satisfaisantes mais : (i) des améliorations sont nécessaires (i.e : gestion des populations d’H. armigera résistantes aux pyréthrinoïdes), (ii) des aspects méritent d’être mieux explorés (i.e : contrôle des quantités épandues) et (iii) la compréhension de certaines pratiques reste à conduire (i.e : non constance de l’intervalle entre traitements, début très précoce de la protection en particulier sur les semis tardifs).

Date de mise à jour : 7 novembre 2017